Odessa : Barbarossa en images (mission 6)
Publié : 26 mars 2011, 11:15
ODESSA 6
21 juillet 1941. Oui, oui... On embarque à bord de notre DeLorean nucléaire et on remonte le temps : cette histoire se déroule entre les missions 4 et 5.
Le jour se lève sur la Bessarabie. Les yeux tout embués de sommeil, six pilotes de Mig-3 s'installent dans leur cockpit. Les forces de l'Axe cherchent à briser l'élan des forces aériennes soviétiques en les clouant au sol. La base la plus exposée est sans conteste celle d'Odessa, la seule impossible à dissimuler. Le groupe de 2Pattes aura donc la lourde tâche de surveiller la ligne de front et d'intercepter le moindre bombardier tentant de la franchir.
Partizan, lui, s'installe à bord du seul Pe-2 affecté à la mission. En compagnie d'Iceman et Pecos en Mig, il assurera la patrouille au-dessus de la couche nuageuse.
Une trentaine de minutes après le décollage, le groupe de chasseurs a déjà de la compagnie. Bolger vient en effet de repérer une paire d'IAR roumains. Fidèle à son habitude, le camarade 2Pattes truffe le leader de plomb et accompagne sa course vers le sol, où il s'écrase sous les vivats des moujiks qui travaillent au champ. Oui, ça se lève tôt et ça travaille dur un moujik.
Riri prendra lui en chasse le second IAR, sur lequel il pourra constater, si preuve était encore nécessaire, l'inefficacité de ses 7,7. Ou plutôt, comme on dit pour éviter le goulag, la robustesse des machines roumaines.
Un peu plus haut, au-dessus de cette couche nuageuse à laquelle l'aube naissante confère de si poétiques reflets roses bonbon, Partizan distingue une autre paire de chasseurs ennemis depuis l'habitacle de son Pe-2. "Geronimooooooov !" hurle-t-il en piquant, tous aérofreins sortis, sur ses futures victimes.
Quelques instants plus tard, et après avoir mis en fuite l'ailier, Partizan se jette sur le leader de paire. Et à voir sa technique d'attaque, on comprend que le n°2 se soit tiré sans demander son reste.
C'est étrange, à chaque fois que je vois cette image, je pense aux "Dents de la Mer", je ne sais pas pourquoi...
La présence de chasseurs roumains (dont trois sont déjà partis en fumée) s'explique : ils étaient là pour escorter six SM-79 qui, de toute évidence, n'ont pas franchi la ligne de front pour prendre des photos. Considérant la réputation de robustesse de ces oiseaux-là, 2Pattes décide de remonter le groupe afin de pouvoir effectuer des passes frontales et ainsi s'attaquer à la partie la moins résistante de cet increvable appareil : son pilote.
Dépassement du groupe, chandelle, retournement sous 45°... 2Pattes organise son attaque avec un style certain... Mais le SM-79 a beau se traîner comme un gros veau, il ne fait pas du surplace non plus. Pour avoir sous-estimé le temps à patienter avant d'effectuer sa figure, le leader des Mig passe complètement à côté du premier groupe de trois Savoia. Pas grave, il est parfait pour le suivant. Il ajuste le trimoteur de tête dans son collimateur, ouvre le feu et ne peut s'empêcher de lâcher un "Gniaaark !" de satisfaction en voyant le bombardier laisser échapper une longue et épaisse traînée de fumée blanche.
Alors que Riri effectue sa passe, le SM-79 venant d'essuyer la rafale de 2Pattes se met à adopter un comportement étrange... Alors que ses soutes se vident de leurs bombes, ses mitrailleurs semblent pris de folie, arrosant les deux autres Savoia-Marchetti du groupe, sous les yeux éberlués du leader des Mig. "Mais qu'est-ce-que c'est que ce bordel ???" Ce que c'est ? Pour le comprendre, on fait un arrêt sur image et on rembobine le film de cette mission.
40 minutes plus tôt, bien plus à l'ouest... La base germano-roumaine de Balti fait l'objet d'une attaque particulièrement inattendue. Un groupe de partisans, qui mène des actions de guérilla bien à l'ouest de la ligne de front, commence à cruellement souffrir d'un manque de moyens, notamment de munitions. Leur seul espoir : demander de l'aide à l'Etat-major et, par conséquent, trouver un moyen de contacter les forces soviétiques, situées bien loin à l'est. Mais le hasard fait bien les choses, car ces mêmes hommes ont recueilli récemment Lampatex et Warpig, deux pilotes qui se sont éjectés dans la région (voir compte-rendus précédents). Il ne suffit plus qu'à leur trouver un appareil, et ils pourront se charger d'alerter le commandement de la situation.
Le groupe de partisans parvient sans peine à prendre temporairement le contrôle de la partie ouest de la base. Tout excité à l'idée de sauter dans un Bf-109, Warpig déchante rapidement : c'est au manche d'un SM-79 qu'il va devoir s'installer. Faut dire que pour ramener ses camarades et quelques blessés, un chasseur monoplace aurait été moins pratique... Pas de temps à perdre, car déjà les troupes de l'Axe au sol, alertées, se dirigent vers le hangar. Les trois moteurs s'ébrouent dans un bruit de toux catarrheuse tandis que Nyv, Erel, Jumper et Gnou prennent place aux postes de mitrailleurs.
Les balles fusent et l'une d'elle vient se ficher dans la radio de l'appareil italien. "Vous inquiétez pas, il paraît que c'est increvable comme mobylette !" lance Warpig à son équipage, espérant que les événements ne lui donneront pas tort. Mais la robustesse de l'avion n'est à ce moment que le cadet des soucis du pilote. Car ce qui le gêne le plus, là, tout de suite, c'est le truc sur lequel il est assis et qui commence à furieusement lui rentrer dans le fondement. Tant pis : le SM-79 luttant pour s'arracher du sol fait une large embardée tandis que Warpig se soulève de son siège pour y glisser sa main droite. "Eh les mecs ! J'ai trouvé une carte avec des coordonnées de rendez-vous d'un groupe de bombardiers, ça vous tente qu'on les rejoigne pour passer inaperçus ?"
- D'accord mais tire !
- Sur qui ? Z'êtes cons ou quoi ?
- Sur le manche connard, tire sur le manche !
- AaaaaaaAAAHHH !
L'ultime frayeur passée, le Savoia-Marchetti s'élance dans le petit matin. Guidé par les huit paires d'yeux de son équipage, Warpig emmène le trimoteur à 1400 mètres d'altitude, au point de rendez-vous.
Rapidement, les hommes installés aux postes de mitrailleurs aperçoivent cinq petits points noirs se dessiner sur l'horizon, puis quatre autres leur tournant autour. L'escorte. A en croire le plan de vol, les six appareils ont pour mission de bombarder Odessa. Après tout, quel meilleur moyen de ne pas éveiller les soupçons de l'Axe au-dessus du territoire ennemi, et d'éviter de se faire descendre trop rapidement au-dessus des lignes alliées par la DCA ou ses anciens copains en patrouille, si ce n'est intégrer ce dispositif et se faire tout petit jusqu'à Odessa ?
- J'ai un mauvais pressentiment...
- Mais non... Je ne sais pas, moi... Vole l'air décontracté !
Et un bisou mouillé sur le front au premier qui relèvera la référence. Bon, on déconne, là, mais croyez bien que ça fait bizarre d’évoluer en formation avec l'ennemi...
La navigation se déroule sans histoire... Jusqu'à ce que Nyv, depuis son poste de mitrailleur latéral droit, n'alerte ses potes : "C'est pas pour vous affoler, les gars, mais j'ai l'impression que nos chasseurs d'escorte ont un peu changé de gueule... Ils ressemblent plus à des Mig qu'à des IAR, et ils remontent notre dispo à fond la caisse..."
"Bon, l'heure de briser notre allégeance à nos sympathiques compagnons de route ne va sans doute pas tarder à sonner !" Warpig met les gaz pour se placer devant les deux SM-79 de son groupe, afin de coller ces derniers dans l'axe de ses mitrailleurs. "Tenez-vous prêts..."
"Oh Nondidiou !" A deux doigts de déclencher les hostilités, l'équipage de fuyards essuie une violente passe frontale de la part d'un Mig-3, perçant un réservoir et endommageant un moteur. "Je l'ai reconnu, c'est 2Pattes !" "Putain mais quelle andouille ! Il avait une chance sur six de viser le mauvais avion, et il est forcément tombé dessus."
Plus rien ne sert désormais de demeurer masqué... A part augmenter ses chances de se faire descendre par leurs propres forces. Une clameur s'élance à l'intérieur du bombardier. "Feu à volonté !!" Tous les mitrailleurs qui le peuvent, comme ici Erel, font s'écrouler une avalanche de plomb sur le crâne de Roumains médusés...
"Allez-y fumez-les, moi je vais larguer les bombes, si on leur fait croire à un mission kill, ils nous foutront peut-être la paix !"
Quelques secondes plus tard, six bombes de 100 kg explosaient au milieu d'un champ de betteraves, volatilisant un précieux tracteur et six moujiks qui, en tant que tels, se lèvent tôt le matin pour rentrer tard le soir, et qui ne furent par conséquent qu'à peine surpris de se voir tués au travail.
Fin du flashback dans le flashback, nous reprenons le fil de notre récit à ce moment précis, où 2Pattes, se demandant "Qu'est-ce-que [c'était] que ce bordel". Imaginant que les esprits de ces membres d'équipage roumains ont probablement été touchées par la baguette magique de la fée communisme (ça fait très poétique, dit comme ça, mais la plupart des gens ignorent que le contact avec cette baguette, une longue faucille sertie en son sommet d'une enclume, est en réalité très douloureux) et que ces braves brebis égarées ont sûrement l'intention de changer de camp, 2Pattes ordonne de suspendre le tir sur leur appareil et de se concentrer sur les cinq autres...
"Tu crois qu'ils ont compris qu'on était de leur côté ?" "Je sais pas, mais tiens-toi prêt à leur coller une petite rafale dissuasive si jamais il leur prenait l'envie de rajouter une nouvelle petite étoile sur leur carlingue à nos frais..." Histoire de bien souligner leurs intentions, et allégé de ces encombrants 600 kg de bombes, Warpig met les gaz et allume copieusement le troisième SM-79 du premier groupe...
...avant de lui passer dessous et permettre à Erel de parachever la transformation du bombardier en passoire volante.
Amusés par la présence de ce soutien inattendu, les Mig multiplient les passes sur les bombardiers qui, à défaut de tomber, présentent de moins de moins de garanties de ramener leur équipage à la maison.
"Bon, on rigole, mais c'est pas tout ça, s'agirait de pas trop traîner dans le coin non plus, ça va finir par se voir qu'on n'est pas leurs copains." Une délicate manœuvre à peine vomitive plus tard – permettant à Jumper, Gnou et Nyv d'en mettre une ultime petite couche sur le leader des SM-79 – et le Savoia fumant plonge vers le sol rendu invisible par la brume…
Pendant ce temps, le dernier IAR refait parler de lui en venant troubler la curée. Il décide de titiller Riri qui l’emmènera pile-poil devant les mitrailleuses de 2Pattes. L’escorte n’est plus…
L’exercice pourrait certes paraître facile pour les chasseurs, mais il n’en est rien. Pour preuve, Iceman et Pecos, à force d’effectuer des passes sur ces fichus appareils incassables, finissent par être endommagés par les mitrailleurs. Le second sera même forcé de s’éjecter.
L’obstination finit toutefois par payer. Tandis que les trimoteurs tentent de rallier leurs lignes, Riri et quelques autres les harcèlent… ou plutôt "finissent les restes". Trop endommagés ou à court de carburant, aucun des cinq SM-79 ne rentrera, tous vachés plus ou moins dignement dans les environs d’Odessa.
Et le sixième ? Eh bien figurez-vous qu’avec la visibilité pas franchement réjouissante depuis le poste de pilotage combinée à l’atroce brume matinale, il tente de trouver l’aérodrome d’Odessa. Ou plus précisément, les quatre mitrailleurs guident un Warpig qui se bat contre cette charrette trouée qui ne semble désirer qu’une chose, et ardemment : décrocher sur son aile droite et se précipiter, avec ses parasites à bord, dans la Mer Noire. "Vas-y, là ! A droite ! La piste est là !"
Warpig entame sa finale… Tandis que le reste de l’équipage hurle des chansons paillardes, lui observe avec angoisse le cadran cassé de l’altimètre et les volets qui semblent s’agiter tout seuls…
Au terme d’un atterrissage qui lui sembla pourtant d’une douceur extrême, le SM-79 finit néanmoins par se briser en deux. Heureusement, tout le monde est vivant et prêt à livrer, d’une seule voix, l’explication à ce posé désastreux : c’est la faute de 2Pattes, l’appareil roumain s’est découpé selon les pointillés amicalement dessinés par le leader des Mig. En attendant, les 6 heures du matin indiquées par l’horloge de bord n’allaient pas les empêcher de fêter leur retour à la vodka.
21 juillet 1941. Oui, oui... On embarque à bord de notre DeLorean nucléaire et on remonte le temps : cette histoire se déroule entre les missions 4 et 5.
Le jour se lève sur la Bessarabie. Les yeux tout embués de sommeil, six pilotes de Mig-3 s'installent dans leur cockpit. Les forces de l'Axe cherchent à briser l'élan des forces aériennes soviétiques en les clouant au sol. La base la plus exposée est sans conteste celle d'Odessa, la seule impossible à dissimuler. Le groupe de 2Pattes aura donc la lourde tâche de surveiller la ligne de front et d'intercepter le moindre bombardier tentant de la franchir.
Partizan, lui, s'installe à bord du seul Pe-2 affecté à la mission. En compagnie d'Iceman et Pecos en Mig, il assurera la patrouille au-dessus de la couche nuageuse.
Une trentaine de minutes après le décollage, le groupe de chasseurs a déjà de la compagnie. Bolger vient en effet de repérer une paire d'IAR roumains. Fidèle à son habitude, le camarade 2Pattes truffe le leader de plomb et accompagne sa course vers le sol, où il s'écrase sous les vivats des moujiks qui travaillent au champ. Oui, ça se lève tôt et ça travaille dur un moujik.
Riri prendra lui en chasse le second IAR, sur lequel il pourra constater, si preuve était encore nécessaire, l'inefficacité de ses 7,7. Ou plutôt, comme on dit pour éviter le goulag, la robustesse des machines roumaines.
Un peu plus haut, au-dessus de cette couche nuageuse à laquelle l'aube naissante confère de si poétiques reflets roses bonbon, Partizan distingue une autre paire de chasseurs ennemis depuis l'habitacle de son Pe-2. "Geronimooooooov !" hurle-t-il en piquant, tous aérofreins sortis, sur ses futures victimes.
Quelques instants plus tard, et après avoir mis en fuite l'ailier, Partizan se jette sur le leader de paire. Et à voir sa technique d'attaque, on comprend que le n°2 se soit tiré sans demander son reste.
C'est étrange, à chaque fois que je vois cette image, je pense aux "Dents de la Mer", je ne sais pas pourquoi...
La présence de chasseurs roumains (dont trois sont déjà partis en fumée) s'explique : ils étaient là pour escorter six SM-79 qui, de toute évidence, n'ont pas franchi la ligne de front pour prendre des photos. Considérant la réputation de robustesse de ces oiseaux-là, 2Pattes décide de remonter le groupe afin de pouvoir effectuer des passes frontales et ainsi s'attaquer à la partie la moins résistante de cet increvable appareil : son pilote.
Dépassement du groupe, chandelle, retournement sous 45°... 2Pattes organise son attaque avec un style certain... Mais le SM-79 a beau se traîner comme un gros veau, il ne fait pas du surplace non plus. Pour avoir sous-estimé le temps à patienter avant d'effectuer sa figure, le leader des Mig passe complètement à côté du premier groupe de trois Savoia. Pas grave, il est parfait pour le suivant. Il ajuste le trimoteur de tête dans son collimateur, ouvre le feu et ne peut s'empêcher de lâcher un "Gniaaark !" de satisfaction en voyant le bombardier laisser échapper une longue et épaisse traînée de fumée blanche.
Alors que Riri effectue sa passe, le SM-79 venant d'essuyer la rafale de 2Pattes se met à adopter un comportement étrange... Alors que ses soutes se vident de leurs bombes, ses mitrailleurs semblent pris de folie, arrosant les deux autres Savoia-Marchetti du groupe, sous les yeux éberlués du leader des Mig. "Mais qu'est-ce-que c'est que ce bordel ???" Ce que c'est ? Pour le comprendre, on fait un arrêt sur image et on rembobine le film de cette mission.
40 minutes plus tôt, bien plus à l'ouest... La base germano-roumaine de Balti fait l'objet d'une attaque particulièrement inattendue. Un groupe de partisans, qui mène des actions de guérilla bien à l'ouest de la ligne de front, commence à cruellement souffrir d'un manque de moyens, notamment de munitions. Leur seul espoir : demander de l'aide à l'Etat-major et, par conséquent, trouver un moyen de contacter les forces soviétiques, situées bien loin à l'est. Mais le hasard fait bien les choses, car ces mêmes hommes ont recueilli récemment Lampatex et Warpig, deux pilotes qui se sont éjectés dans la région (voir compte-rendus précédents). Il ne suffit plus qu'à leur trouver un appareil, et ils pourront se charger d'alerter le commandement de la situation.
Le groupe de partisans parvient sans peine à prendre temporairement le contrôle de la partie ouest de la base. Tout excité à l'idée de sauter dans un Bf-109, Warpig déchante rapidement : c'est au manche d'un SM-79 qu'il va devoir s'installer. Faut dire que pour ramener ses camarades et quelques blessés, un chasseur monoplace aurait été moins pratique... Pas de temps à perdre, car déjà les troupes de l'Axe au sol, alertées, se dirigent vers le hangar. Les trois moteurs s'ébrouent dans un bruit de toux catarrheuse tandis que Nyv, Erel, Jumper et Gnou prennent place aux postes de mitrailleurs.
Les balles fusent et l'une d'elle vient se ficher dans la radio de l'appareil italien. "Vous inquiétez pas, il paraît que c'est increvable comme mobylette !" lance Warpig à son équipage, espérant que les événements ne lui donneront pas tort. Mais la robustesse de l'avion n'est à ce moment que le cadet des soucis du pilote. Car ce qui le gêne le plus, là, tout de suite, c'est le truc sur lequel il est assis et qui commence à furieusement lui rentrer dans le fondement. Tant pis : le SM-79 luttant pour s'arracher du sol fait une large embardée tandis que Warpig se soulève de son siège pour y glisser sa main droite. "Eh les mecs ! J'ai trouvé une carte avec des coordonnées de rendez-vous d'un groupe de bombardiers, ça vous tente qu'on les rejoigne pour passer inaperçus ?"
- D'accord mais tire !
- Sur qui ? Z'êtes cons ou quoi ?
- Sur le manche connard, tire sur le manche !
- AaaaaaaAAAHHH !
L'ultime frayeur passée, le Savoia-Marchetti s'élance dans le petit matin. Guidé par les huit paires d'yeux de son équipage, Warpig emmène le trimoteur à 1400 mètres d'altitude, au point de rendez-vous.
Rapidement, les hommes installés aux postes de mitrailleurs aperçoivent cinq petits points noirs se dessiner sur l'horizon, puis quatre autres leur tournant autour. L'escorte. A en croire le plan de vol, les six appareils ont pour mission de bombarder Odessa. Après tout, quel meilleur moyen de ne pas éveiller les soupçons de l'Axe au-dessus du territoire ennemi, et d'éviter de se faire descendre trop rapidement au-dessus des lignes alliées par la DCA ou ses anciens copains en patrouille, si ce n'est intégrer ce dispositif et se faire tout petit jusqu'à Odessa ?
- J'ai un mauvais pressentiment...
- Mais non... Je ne sais pas, moi... Vole l'air décontracté !
Et un bisou mouillé sur le front au premier qui relèvera la référence. Bon, on déconne, là, mais croyez bien que ça fait bizarre d’évoluer en formation avec l'ennemi...
La navigation se déroule sans histoire... Jusqu'à ce que Nyv, depuis son poste de mitrailleur latéral droit, n'alerte ses potes : "C'est pas pour vous affoler, les gars, mais j'ai l'impression que nos chasseurs d'escorte ont un peu changé de gueule... Ils ressemblent plus à des Mig qu'à des IAR, et ils remontent notre dispo à fond la caisse..."
"Bon, l'heure de briser notre allégeance à nos sympathiques compagnons de route ne va sans doute pas tarder à sonner !" Warpig met les gaz pour se placer devant les deux SM-79 de son groupe, afin de coller ces derniers dans l'axe de ses mitrailleurs. "Tenez-vous prêts..."
"Oh Nondidiou !" A deux doigts de déclencher les hostilités, l'équipage de fuyards essuie une violente passe frontale de la part d'un Mig-3, perçant un réservoir et endommageant un moteur. "Je l'ai reconnu, c'est 2Pattes !" "Putain mais quelle andouille ! Il avait une chance sur six de viser le mauvais avion, et il est forcément tombé dessus."
Plus rien ne sert désormais de demeurer masqué... A part augmenter ses chances de se faire descendre par leurs propres forces. Une clameur s'élance à l'intérieur du bombardier. "Feu à volonté !!" Tous les mitrailleurs qui le peuvent, comme ici Erel, font s'écrouler une avalanche de plomb sur le crâne de Roumains médusés...
"Allez-y fumez-les, moi je vais larguer les bombes, si on leur fait croire à un mission kill, ils nous foutront peut-être la paix !"
Quelques secondes plus tard, six bombes de 100 kg explosaient au milieu d'un champ de betteraves, volatilisant un précieux tracteur et six moujiks qui, en tant que tels, se lèvent tôt le matin pour rentrer tard le soir, et qui ne furent par conséquent qu'à peine surpris de se voir tués au travail.
Fin du flashback dans le flashback, nous reprenons le fil de notre récit à ce moment précis, où 2Pattes, se demandant "Qu'est-ce-que [c'était] que ce bordel". Imaginant que les esprits de ces membres d'équipage roumains ont probablement été touchées par la baguette magique de la fée communisme (ça fait très poétique, dit comme ça, mais la plupart des gens ignorent que le contact avec cette baguette, une longue faucille sertie en son sommet d'une enclume, est en réalité très douloureux) et que ces braves brebis égarées ont sûrement l'intention de changer de camp, 2Pattes ordonne de suspendre le tir sur leur appareil et de se concentrer sur les cinq autres...
"Tu crois qu'ils ont compris qu'on était de leur côté ?" "Je sais pas, mais tiens-toi prêt à leur coller une petite rafale dissuasive si jamais il leur prenait l'envie de rajouter une nouvelle petite étoile sur leur carlingue à nos frais..." Histoire de bien souligner leurs intentions, et allégé de ces encombrants 600 kg de bombes, Warpig met les gaz et allume copieusement le troisième SM-79 du premier groupe...
...avant de lui passer dessous et permettre à Erel de parachever la transformation du bombardier en passoire volante.
Amusés par la présence de ce soutien inattendu, les Mig multiplient les passes sur les bombardiers qui, à défaut de tomber, présentent de moins de moins de garanties de ramener leur équipage à la maison.
"Bon, on rigole, mais c'est pas tout ça, s'agirait de pas trop traîner dans le coin non plus, ça va finir par se voir qu'on n'est pas leurs copains." Une délicate manœuvre à peine vomitive plus tard – permettant à Jumper, Gnou et Nyv d'en mettre une ultime petite couche sur le leader des SM-79 – et le Savoia fumant plonge vers le sol rendu invisible par la brume…
Pendant ce temps, le dernier IAR refait parler de lui en venant troubler la curée. Il décide de titiller Riri qui l’emmènera pile-poil devant les mitrailleuses de 2Pattes. L’escorte n’est plus…
L’exercice pourrait certes paraître facile pour les chasseurs, mais il n’en est rien. Pour preuve, Iceman et Pecos, à force d’effectuer des passes sur ces fichus appareils incassables, finissent par être endommagés par les mitrailleurs. Le second sera même forcé de s’éjecter.
L’obstination finit toutefois par payer. Tandis que les trimoteurs tentent de rallier leurs lignes, Riri et quelques autres les harcèlent… ou plutôt "finissent les restes". Trop endommagés ou à court de carburant, aucun des cinq SM-79 ne rentrera, tous vachés plus ou moins dignement dans les environs d’Odessa.
Et le sixième ? Eh bien figurez-vous qu’avec la visibilité pas franchement réjouissante depuis le poste de pilotage combinée à l’atroce brume matinale, il tente de trouver l’aérodrome d’Odessa. Ou plus précisément, les quatre mitrailleurs guident un Warpig qui se bat contre cette charrette trouée qui ne semble désirer qu’une chose, et ardemment : décrocher sur son aile droite et se précipiter, avec ses parasites à bord, dans la Mer Noire. "Vas-y, là ! A droite ! La piste est là !"
Warpig entame sa finale… Tandis que le reste de l’équipage hurle des chansons paillardes, lui observe avec angoisse le cadran cassé de l’altimètre et les volets qui semblent s’agiter tout seuls…
Au terme d’un atterrissage qui lui sembla pourtant d’une douceur extrême, le SM-79 finit néanmoins par se briser en deux. Heureusement, tout le monde est vivant et prêt à livrer, d’une seule voix, l’explication à ce posé désastreux : c’est la faute de 2Pattes, l’appareil roumain s’est découpé selon les pointillés amicalement dessinés par le leader des Mig. En attendant, les 6 heures du matin indiquées par l’horloge de bord n’allaient pas les empêcher de fêter leur retour à la vodka.
Warpig, une fois encore.