N'est pas Hortefeux qui veut (et comprenne qui pourra)
10 juillet 1941. Aux armes, camarades ! Cela nous pendait au nez, tel un stalactite de nuit sibérienne, l'Allemagne a rompu le pacte qui unissait nos deux nations et la Roumanie, ce perfide voisin allié d'Hitler, en a profité pour joindre ses troupes à celles du IIIe Reich dans le fol espoir de récupérer la Bessarabie, cette terre qu'ils ont si longtemps et indûment souillée de leur présence. Valeureux pilotes, il est temps de rejoindre vos appareils afin de défendre, jusqu'à la mort s'il le faut, la Mère Patrie.
L'objectif du jour est on ne peut plus simple : notre infanterie est mise en difficulté dans les environs de Calarasi. L'armée de l'air devra apporter tout son soutien à nos hommes là-bas en frappant les troupes ennemies qui tentent de prendre la ville, mais aussi leurs lignes arrières apportant des renforts, et empêcher l'installation d'artillerie sur les collines avoisinantes. Eh bien quoi, vous êtes encore là ? Vous attendez une invitation de l'oncle Joseph pour coller vos fesses dans vos cockpits ?
Un dispositif hétéroclite s'élance de trois pistes différentes. Tout au sud, les quatre IL-2 emmenés par Iceman, chargés de bombes et de roquettes – dont la précision, paraît-il, est légèrement moindre que le tromblon à gros sel de mon papy – auront pour lourde tâche de cibler les blindés allemands et roumains.
Tout au nord, les quatre Pe-2 du groupe осьминог, leadé par Partizan, sont déjà en l'air, prêts à semer la désolation en noyant les troupes ennemies sous des tapis de bombes. Oui, bon, tapis, c'est peut-être un poil abusé, ils n'en ont que six chacun. Des paillassons de bombes, donc. Hmmm ? Vous dites ? De 100 kg seulement, les bombes ? Bien, ok, entendu. On va se mettre d'accord, donc : les Pe-2 vont noyer les troupes fascistes sous des demi-serpillières de bombes, alors.
Entre les deux, la fière avant-garde soviétique : trois vaillants Mig-3 emmenés par 2Pattes se chargeront de la supériorité aérienne au-dessus de Calarasi.
Alors que les onze appareils font route vers l'objectif, les combats font rage pour la conquête de la ville. De son perchoir, cet observateur allemand profite de la vue et guide l'artillerie qui a déjà pris place sur les hauteurs. Il a raison de savourer, ça ne durera pas longtemps : le chemin de Bed croisera en effet, un peu plus tard, ce disgracieux boudin volant et l'enflammera d'une courte rafale. Cruel ? Non, cela s'appelle "savoir profiter des petits plaisirs simples de la vie".
Le groupe de Mig-3 est le premier arrivé sur place (on se demande bien pourquoi). Sous leur ventre, Calarasi où la fière et invincible armée rouge, fourches et bâtons à la main, s'apprête à renvoyer ces Panzer IV d'où ils viennent.
La première rencontre hostile du conflit ne tarde pas à intervenir. Deux IAR roumains rôdent en effet dans les parages et engagent les Mig. Leur leader tombe dans le piège tendu par 2Pattes, qui sépare son dispositif en deux pour offrir un appât aux bandits, et signe sans transpirer sa première victoire aérienne. La transpiration, ce sera pour quelques minutes après, quand le Roumain survivant tente de venger son pote en s’accrochant aux basques d’un 2Pattes qui constate amèrement les limites de son appareil à basse altitude. Pendant de longues minutes, il se focalisera sur une seule chose : ne pas perdre trop de bouts avant qu’un sauveur arrive.
Pendant ce temps, IL-2 et Pe-2, après s’être regroupés au-dessus de Grigoriopol, approchent de la zone des combats. Alors que le groupe de Partizan suit la vallée en rase-motte, prêt à sauter par-dessus la dernière colline pour se jeter dans le bain…
…les IL-2 se ruent les premiers sur l’envahisseur. Conformément aux consignes de l’Etat-Major, Bed s’acquitte de sa "première passe d’identification des cibles" avec un zèle qui fait frémir tant ses équipiers que les pauvres biffins roumains qui furent à deux doigts d’être décapités par une hélice lancée à 350 km/h.
Les Iliouchine, encadrés par une DCA féroce, voient tellement de cibles potentielles qu’ils ne savent plus où donner de la roquette. C’est à ce moment que le vrai visage d’un de ses pilotes s’est hélas révélé : un rapport de nos troupes au sol révèle en effet que l’IL-2 numéro 6 – celui du dénommé Horton – a tenté, sans succès heureusement, de bombarder l’une de nos positions défensives à flanc de colline. Le rapport explique également que sa traîtrise fut immédiatement sanctionnée, son appareil explosant dans le souffle de ses propres bombes. Le destin a donc rendu justice. Une justice que le Politburo entend toutefois bien compléter en ordonnant l’exécution de la famille de ce pilote afin d’éviter que la virus de la sédition ne se propage.
Au contraire, le Politburo se demande si une décoration ne devrait pas être accordée au camarade Bed, qui n’hésita pas un instant avant de larguer une paire de roquettes sur ce stock de munitions allemand que la Wehrmacht avait honteusement camouflé en hôpital de campagne. En ce cas, cet honneur devra se faire à titre posthume, Bed ayant hélas perdu la vie en tentant de poser son IL-2 gravement endommagé sur l’aérodrome voisin. Les observateurs rapportent que la vitesse élevée de son appareil en finale, conjuguée à l’oubli de deux roquettes toujours placées sous ses ailes, ne lui laissaient guère de chance de survie dans son entreprise de se poser sur le ventre.
Constatant l’avance des troupes germano-roumaines vers Calarasi, Iceman décida de détruire le pont à l’entrée de la ville. Judicieuse décision stratégique, hélas contrecarrée par la légendaire solidité des glorieux édifices soviétiques, à l’exemple de ce pont qui résista à trois paires de roquettes. Le leader du groupe Steakov figurera lui aussi sur la liste des disparus : gravement touché, il aurait décidé de précipiter son IL-2 sur les troupes ennemies. Le Politburo attend de recueillir tous les témoignages sur le réel état de l’appareil avant le crash avant de décider d’une éventuelle médaille ou de charges posthumes pour désertion face à l’ennemi, qui pourraient mettre sa famille dans l’obligation de rembourser le précieux avion.
De leur côté, les Pe-2 ignorant les chars pour chercher du "mou" plus adapté à leurs bombes de 100 kg, finissent par apercevoir un train à l’arrêt. Convaincu qu’il s’agit de renfort ennemi, Partizan ordonne son bombardement. On voit ici Lampatex achever le travail. Après avoir eu vent de rumeurs au sujet d’un train soviétique, arrêté par des troupes allemandes avant d’être bombardé par des bimoteurs, le leader des Pe-2 modifia son rapport officiel, préférant mettre en avant la "courageuse décision de son groupe d’appliquer la politique de la terre brûlée en empêchant l’ennemi de saisir un précieux matériel que les fascistes auraient retourné contre la Mère Patrie".
Pendant ce temps, à Vera Cruz… Enfin, non, loin, mais pas tant que ça… 2Pattes se fait toujours renifler les tuyères d’échappement, semant des petits bouts de son Mig à travers la verte campagne. Bolger finit par arriver à la rescousse. Son leader "drague" son poursuivant pour le mettre à portée des mitrailleuses de son ailier. Ce dernier parvient à faire fumer l’appareil roumain, que 2Pattes achèvera quelques instants plus tard.
Les Pe-2, qui n’ont pas laissé grand-chose du train, aperçoivent ensuite une forte concentration ennemie aux abords du bourg de Valcinei… Warpig plonge sur l’objectif…
…imité quelques secondes plus tard par Nyv. Au terme d’une seconde passe, il apparaît clairement que ces renforts ne renforceront pas grand monde. Partizan, sur un moteur, entame son retour à la maison, tandis que Warpig et Nyv, qui ont à leur tour repéré les positions d’artillerie, tenteront de les déloger. Mais déjà lourdement endommagés, voire à court de munitions, et clairement pris à parti par une défense anti-aérienne encore plus déchaînée que dans la vallée, ils renonceront rapidement.
Leur mission accomplie, Les Mig-3 retournent à leur base. Un aileron en moins, 2Pattes ne parvient à poser son appareil avec la douceur que cette machine de précision requiert, brise le train et plie l’hélice. Conscient du tort qu’il vient de faire subir à la nation toute entière, 2Pattes anticipe la légitime sanction et se propose aussitôt de tondre la pelouse de la piste avec les dents.
Chez les Pe-2, c’est le retour des gruyères volants. Partizan, avec son moteur en moins, est rapidement rejoint par son groupe. Si les осьминог n’ont subi aucune perte, ils figurent néanmoins parmi ceux qui ont laissé le plus de métal derrière eux en ce début de conflit. Et on ne parle pas des bombes.
Un club très fermé que peut légitimement intégrer Erel. Le seul survivant du groupe d’IL-2 peut, en effet, confirmer désormais la légendaire robustesse de son avion, et sa capacité à voler même quand il lui reste plus de trous que d’aile…
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