Je commence par vérifier la paperasse du Cessna 150 (UP) que j'ai prévu de prendre et là, mauvaise surprise, il est fait mention d'une fuite d'huile dans le carnet de route. L'incident a été signalé il y a près de 15 jours, mais les services techniques n'ont apparemment rien fait depuis. J'ouvre le hangar et découvre effectivement l'avion décapoté et hors d'usage; sympa !
Je décide de me rabattre sur le Cessna 152 (LY) qui, par chance est disponible. En l'absence du Cessna 172 (pris pour le week-end), c'est donc le seul avion de l'aéroclub. La paperasse est en règle, l'avion a volé le matin même (le moteur est même encore chaud), pas de soucis.
Je démarre le moteur, fait les vérifications, obtiens la clearance de la tour et commence le roulage pour la 24 dure. En chemin cependant, j'entends un fort bruit de frottement qui semble provenir du train. J'essaye les freins: efficaces et symétrique; ouf ! Malgré mes doutes, je manoeuvre vers l'aire d'attente et là surprise, le frottement disparaît. J'hésite un peu, mais comme tout les voyants sont dans le vert, je décide de poursuivre.
Clearance obtenue, je m'aligne sur la 24. Plein gaz ! les tours sont là, le badin décolle; tout va bien. 20, 30, 40 kt, l'avion accélère normalement, la rotation (50 kt) va avoir lieu dans quelques secondes. Mais vers 45 kt, l'appareil se met soudain à vibrer très violemment. Je réduit immédiatement les gaz et commence à décélérer. J'ai encore au moins 300m de piste devant moi et je n'ai pas trop confiance dans les freins donc je décide d'y aller doucement. Heureusement, les freins répondent correctement et l'avion commence à ralentir (toujours en vibrant). Je préviens par radio la tour de mon pépin et me dirige vers le bout de la piste. Les vibrations disparaissent à environ 100m du bout de piste.
Retour au parking sans encombre, aucun bruit de frottement. Contact coupé, clef enlevée, je descends examiner soigneusement le train. Je n'y vois rien de plus qu'à la prévol. J'essaye même de faire tourner la roue avant sur son axe en soulevant le nez de l'avion: tout à l'air de marcher. C'est le week-end (en aout en plus) et les services techniques sont fermés, je ne peux donc demander d'avis compétent. J'hésite un instant à tenter un nouveau décollage pour voir si le problème est toujours là, mais j'estime que c'est trop dangereux en l'état; pas le choix, il faut ``fermer'' l'appareil.
Je rapporte donc l'incident sur le carnet de route, empêchant ainsi quiconque de revoler sur l'appareil avant avis et/ou réparation des services techniques. Il n'y a donc plus un seul avion disponible dans l'aéroclub pour le week-end entier; sympa ! Pour plus de précautions, je scotch une page d'avertissement dans le cockpit de l'appareil et j'écris également un rapport d'incident un peu plus détaillé dans le carnet technique de l'aéroclub. J'envoie enfin un email au président du club et au chef pilote expliquant l'incident et la situation.
Ma passagère est un peu déçue mais fort heureusement pas plus effrayée que ça, il faut dire que tout c'est passé très vite, ni elle ni mois n'avons eu le temps d'avoir peur. C'est en fait assez naturel puisque l'appareil est resté sous contrôle du début jusqu'à la fin.
Je ne sais toujours pas quelle est la nature exacte de la panne, mais le plus probable est sans doute un atterrissage un peu dur de l'un des pilotes m'ayant précédé le matin même qui aurait pu ``voiler'' le train. Si cette hypothèse se confirme, carton rouge pour le pilote en question car il faut toujours signaler un atterrissage dur. Evidemment, c'est toujours difficile d'admettre une maladresse, et encore plus lorsque celle-ci à pour conséquence de ``fermer'' l'avion pour plusieurs jours (à cause de l'indisponibilité des services techniques). Comme quoi les pressions de toutes sortes (amour-propre, volonté d'arriver à tout pris, passager déçus, disponibilité des appareil, etc.) peuvent avoir des conséquences importantes sur nos prises de décisions, et que le danger n'est jamais très loin ...
Et bin mon vol au dessus de Rambouillet sera donc pour une autre fois
